Pour ses JO 2024, Paris veut la Seine baignable

PARIS, 5 juin (Reuters) – Par une journée de printemps ensoleillée, Dan Angelescu testait la qualité de l'eau de la Seine à Paris près du pont Alexandre III – une vue panoramique pour les essais olympiques du marathon de natation et du triathlon de l'année prochaine.

Angelescu travaille pour la ville depuis 2017 sur son projet de longue date de rendre la Seine baignable. Les Jeux de 2024 sont une bonne occasion de l'accélérer afin d'accueillir quelques événements sportifs dans le célèbre fleuve - comme ce fut le cas lors des premiers Jeux Olympiques de Paris en 1900.

"C'est un objectif ambitieux, et personne ne sait comment seront les Jeux olympiques, si la qualité de l'eau sera suffisamment bonne ou non", a déclaré Angelescu, ajoutant que c'était "réaliste" et que la ville faisait les efforts nécessaires.

Ce jour-là, les niveaux de concentration de deux bactéries, E. coli et Enterococcus, tous deux indicateurs de matières fécales dans l'eau, étaient suffisamment bas pour se baigner en toute sécurité dans la rivière selon Angelescu. Le défi consiste à maintenir ces niveaux.

Le principal risque vient des orages. Lorsque l'eau de pluie se déverse dans le réseau d'égouts parisien, elle peut déborder et l'eau supplémentaire est alors rejetée dans la rivière, la polluant avec des bactéries toxiques.

Pour éviter que cela ne se produise l'été prochain, la ville construit un immense bassin souterrain au sud de Paris, d'une capacité de 50 000 mètres cubes, soit environ l'équivalent de 20 piscines olympiques. Le bassin d'Austerlitz collectera les précipitations pour éviter le débordement, a indiqué Pierre Rabadan, adjoint au maire chargé de l'organisation des Jeux.

"S'il y avait des pluies torrentielles pendant plusieurs jours, nous pourrions avoir un problème de qualité de l'eau", a déclaré Rabadan, mais a ajouté qu'il était convaincu que le bassin empêcherait que cela ne se produise.

[1/4] Annaick, kayakiste membre du Club du Bac canoë-kayak, pratique le kayak sur la Seine à Sèvres, près de Paris, France, le 3 juin 2023.REUTERS/Manuel Ausloos

Une autre partie du plan consiste à achever le basculement de certaines maisons en amont d'une installation désuète rejetant les eaux usées dans la rivière vers un tout nouveau raccordement au réseau d'égouts.

Stéphane Vidalie, qui habite à Neuilly-Plaisance dans l'est parisien, s'est réjoui de ne plus envoyer d'eaux usées dans la Marne, un affluent qui rejoint la Seine aux portes de Paris.

"En tant que citoyen, il est important de savoir que vous ne participez pas à la pollution des cours d'eau", a déclaré Vidalie. "Maintenant, il va dans les stations d'épuration, comme il aurait dû le faire depuis longtemps."

Paris espère récolter les fruits au-delà des JO. Colombe Brossel, une autre adjointe au maire en charge de l'espace public et de la réduction des déchets, a déclaré que l'objectif principal était que les riverains de la Seine puissent s'y baigner d'ici 2025, en tant qu'"héritage" olympique.

Bastien Coignon, membre d'un club de kayak à Sèvres, à l'ouest de Paris, a déclaré qu'il attendait cela.

"Avec les Jeux, on sait que l'eau sera de plus en plus propre, et pour nous c'est beaucoup plus agréable, de ne pas avoir tous les déchets qui finissent dans la Seine", a-t-il déclaré.

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